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Pauline Delabroy-Allard, Ça raconte Sarah, Les éditions de Minuit, 2018, 192 pages, 15 €. L’amour avec un homme : une tempête. […] Il arrive à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il retire sa veste de cuir bleu nuit, il se déshabille, il se jette dans mon lit tout de suite, il me dévore. […] Il me réveille avec ses doigts au plus profond de moi […]. L’intensité entre nous est trop forte, des orages éclatent. Il devient mauvais, il crie à en faire trembler les murs […]. Un mot de trop et il se met à crier à nouveau, à dire c’est plus possible c’est plus possible, à claquer les portes. Il se laisse rattraper in extremis […]. Il veut faire l’amour tout le temps, absolument tout le temps. Il ne me laisse dormir que lorsque je suis malade. […] Il [est] le loup, voilà, c’est ça, il finira par me dévorer. […] Il me dévore. Il a tout le temps envie de faire l’amour. Il provoque des disputes, de plus en plus violentes. Il me mord. […] Le lendemain, il provoque une dispute au petit déjeuner. Il hurle, il vocifère tout contre mon visage. Il me fait peur. Il m’arrache la peau du bras avec ses ongles en cherchant à me retenir lorsque je saute dans un taxi, pour en finir. Il ne sait pas que je saigne, et que je ne veux plus jamais le revoir. […] Parfois, il devient fou. Fou de rage […]. Il se met à hurler, il se jette sur moi, me griffe le visage avec, sur le sien, un air monstrueux. Il est pire qu’un ogre de conte. Il m’en veut, de tout, de lui voler son temps, de lui voler sa jeunesse […]. Il a l’apparence d’une bête, d’une bête furieuse, il rugit […]. Il ne sait pas que je pleure dans ma douche chaque matin, que j’ai mal au ventre chaque soir, que je ne dors plus sans somnifères. […] Il me frappe et ma joue garde longtemps la trace rouge de ses doigts étalés sur ma peau blanche. […] Il ne supporte plus rien, il déteste que je sois fatiguée, que je veuille dormir tôt le soir, il veut qu’on parle toute la nuit, qu’on fasse l’amour sans relâche. […] Il s’énerve contre moi, il frappe ma poitrine avec ses poings serrés […]. Il m’insulte dans un RER bondé […]. Il veut arrêter cette histoire, cette fois-ci il ne plaisante pas, c’est pour de bon. Il dit je ne veux plus avoir de tes nouvelles. Il dit je ne te donnerai plus des miennes. […] Il me regarde pleurer, l’air sévère, les bras croisés. S’il est vrai que la narratrice de Ça raconte Sarah pourrait reprendre à son compte, illusoirement, ces mots de L’invention de Morel : « la joie de contempler [mon amour] sera l’élément où je vivrai pour l’éternité », est-ce là, ainsi que l’écrit Estelle Lenartowics dans L’Express (22 août 2018), « l’histoire d’un amour », du « grand amour, toujours premier, toujours unique » ? Est-ce là l’histoire « de l’absolu amoureux » ? Est-ce là, ainsi que l’écrit Bernard Pivot dans le Journal du dimanche (16 septembre 2018), la description de « l’amour fou » ? Sont-ce là les « élans du cœur, le feu des corps, l’exaltation des esprits » ? Est-ce là, ainsi que l’écrit Emmanuelle Rodrigues dans Le Matricule des anges (n° 196, septembre 2018), l’histoire d’un « amour qui brûle jusqu’à l’incandescence » ? Oh mais pardon ! Nous avons mal recopié. Soyons plus concentré, recopions soigneusement. Consciencieusement. L’amour avec une femme : une tempête. […] Elle arrive à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, elle retire sa veste de cuir bleu nuit, elle se déshabille, elle se jette dans mon lit tout de suite, elle me dévore. […] Elle me réveille avec ses doigts au plus profond de moi […]. L’intensité entre nous est trop forte, des orages éclatent. Elle devient mauvaise, elle crie à en faire trembler les murs […]. Un mot de trop et elle se met à crier à nouveau, à dire c’est plus possible c’est plus possible, à claquer les portes. Elle se laisse rattraper in extremis […]. [E]lle veut faire l’amour tout le temps, absolument tout le temps. Elle ne me laisse dormir que lorsque je suis malade. […] [E]lle [est] le loup, voilà, c’est ça, elle finira par me dévorer. […] Elle me dévore. Elle a tout le temps envie de faire l’amour. Elle provoque des disputes, de plus en plus violentes. Elle me mord. […] Le lendemain, elle provoque une dispute au petit déjeuner. Elle hurle, elle vocifère tout contre mon visage. Elle me fait peur. Elle m’arrache la peau du bras avec ses ongles en cherchant à me retenir lorsque je saute dans un taxi, pour en finir. Elle ne sait pas que je saigne, et que je ne veux plus jamais la revoir. […] Parfois, elle devient folle. Folle de rage […]. Elle se met à hurler, elle se jette sur moi, me griffe le visage avec, sur le sien, un air monstrueux. Elle est pire qu’une sorcière de conte. Elle m’en veut, de tout, de lui voler son temps, de lui voler sa jeunesse […]. Elle a l’apparence d’une bête, d’une bête furieuse, elle rugit […]. Elle ne sait pas que je pleure dans ma douche chaque matin, que j’ai mal au ventre chaque soir, que je ne dors plus sans somnifères. […] Elle me frappe et ma joue garde longtemps la trace rouge de ses doigts étalés sur ma peau blanche. […] Elle ne supporte plus rien, elle déteste que je sois fatiguée, que je veuille dormir tôt le soir, elle veut qu’on parle toute la nuit, qu’on fasse l’amour sans relâche. […] Elle s’énerve contre moi, elle frappe ma poitrine avec ses poings serrés […]. Elle m’insulte dans un RER bondé […]. Elle veut arrêter cette histoire, cette fois-ci elle ne plaisante pas, c’est pour de bon. Elle dit je ne veux plus avoir de tes nouvelles. Elle dit je ne te donnerai plus des miennes....