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C’est peu dire que nous nous réjouissons de publier ce feuilleton itinérant signé Marc Perrin en collaboration avec Hors-sol, Remue.net et La Vie manifeste. Vous retrouvez ci-dessous le personnage d’Ernesto, dont la dernière apparition sur Libre-critique remonte au 22 octobre 2013. Spinoza in China | Novembre 2011 sera bientôt un livre. Il paraîtra cette année aux éditions Dernier Télégramme, et se présentera plus ou moins sous la forme d’un journal. Le journal d’Ernesto, âgé de 10 ans et quelques secondes ou et quelques siècles, lors de son premier voyage en Chine, en novembre 2011. Avec l’Éthique de Spinoza en poche. Ce journal, poème, récit, commence le 0 novembre 2011, et s’arrête le 35 novembre 2011. À partir du 9 novembre 2011, la fin de l’année 2014 et le début de l’année 2015 et les jours qui suivent s’invitent dans le journal, poème, récit… Il y a un blog, où l’on peut lire l’ensemble des textes du chantier en cours en leur état d’avancement, dont une présentation, ici. Il y a des revues (Aka n°1 & n°4, Chimères n°81, La tête et les cornes, Multitudes n°57, Nioques n°13, Pli n°3, remue Général Instin) qui ont publié certaines formes de certains de ces textes. Il y a eu des lectures, des performances en solo, ou en duo, avec le contrebassiste Benoit Cancoin. D’autres sont à venir. Aujourd’hui, Hors-sol, La vie manifeste, Libr-critique, et remue.net s’associent pour publier Spinoza in China | Novembre 2011 en feuilleton itinérant, d’une revue l’autre, à partir de la journée du 9 novembre 2011. Sommaire du feuilleton : - Spinoza in China, 9 novembre 2011 - Spinoza in China, 10 novembre 2011 —————————————————————————————————————————— SPINOZA IN CHINA / 11NOVEMBRE 2011 / 26 DÉCEMBRE 2014 [1/2] Spinoza in China est également un dialogue retranscrit sur un rouleau de papyrus de 3 mètres 60 de long sur 33 centimètres de large, avec Ernesto, et son maître Wang Taocheng, tous les deux, vivants, à la surface du rouleau. [*] - Ernesto, tu n’es plus un gamin maintenant. Il serait peut-être temps que tu te décides à te trouver une femme. Te trouver une femme, et enfin avoir une vie normale, non ? - Si vous le dites monsieur. Peut-être bien. Mais si je me trouve une femme comme vous dites je tiens à ce que les choses soient bien claires entre nous. Si je me trouve une femme moi je vous laisse tomber comme un vieux machin, je vous laisse tout seul, je vous laisser tomber, là, comme une veille serpillière, bien mouillée, bien trouée, bien sale et qui pue, je vous laisse tout seul crever dans votre coin. Avec plus personne pour s’occuper de vous. Est-ce que c’est ça que vous voulez ? Aujourd’hui ? Qui à part moi s’occupe de vous aujourd’hui ? Qui va s’occuper de vous si je me trouve une femme comme vous dites ? Est-ce que c’est le bon moment, vous croyez, pour vous ? Pour être tout seul. Crever tout seul. Est-ce que vous croyez que c’est le bon moment pour vous retrouver tout seul avec tout votre boulot, là, bien lourd, et votre cœur bien lourd aussi, et vous tout seul, à porter tout ça ? C’est ça que vous voulez ? J’ai l’impression que vous êtes super proche de trouver quelque chose. Vous avez vraiment envie de le trouver tout seul ? De vous retrouver tout seul à ce moment-là ? It’s up to you master. – J’ai un putain de problème, Tony. Je peux t’appeler Tony ? - Pourquoi pas. • 11 novembre 2011 • Ce jour-là → est visible sur le visage d’Ernesto → le visage de Riyad Mansour → ambassadeur palestinien à l’organisation des nations unies → il comprend que le comité des admissions du conseil de sécurité de l’organisation prend acte de l’absence d’accord sur l’admission de la Palestine. - Tony. Je réalise chaque jour davantage que je ne suis pas grand chose d’autre qu’un putain de gros paquet plein de vide. Voilà. Je me sens plein de vide, et j’essaye de trouver un moyen pour produire une espèce de forme, une espèce de forme ou une espèce d’ensemble de formes, je ne sais pas, qui ressemblerait à ce putain de vide. Tu vois ? Mais rien ne vient, et surtout : ce que je comprends, ce que je comprends chaque jour un peu plus, en théorie, mais que je ne parviens pas à transformer en une réalisation concrète, c’est que plutôt que de produire une forme, une forme ou un ensemble de formes qui ressemblerait à quelque chose de l’ordre du vide, ce que je comprends, c’est qu’il est absolument vain de vouloir produire quoi que ce soit qui ressemble à. Ce qu’il me faudrait parvenir à faire : ce serait : ne plus produire, voilà. C’est ça en fait que j’essaye de faire, depuis plus de 30 ans : en essayant de produire quelque chose qui ressemble au vide. C’est ça qu’il faudrait que je parvienne à faire C’est arrêter de produire le truc que je veux faire. Mais j’y arrive pas Tony. Et au milieu de tout ça, je n’arrête pas de penser au boulot de Tuttle. Je sais pas si tu connais. J’arrête pas de penser à sa série Boys Let’s Be Bad Boys, tu vois ? - Ce que je vois, monsieur, c’est qu’en effet je pense que vous seriez bien inspiré de ne rien faire qui puisse ressembler à quoi que ce soit qui soit en lien avec le vide. Je pense que vous avez tout simplement besoin d’une femme, vous aussi. D’une femme, ou d’un homme, en tout cas d’une compagnie, amoureuse ou et sexuelle. Et qu’en effet, il est temps que je parte, et peut-être je ne sais pas : il serait peut-être grand temps que vous vous trouviez une autre modalité d’existence, à la place de...
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