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Cette fin d’octobre est marquée par la polémique qui clive le champ artistique : art/argent, art/pouvoirs, création/fondations (Vuitton, Cartier, Ricard, etc.), liberté créatrice/sponsoring… Après un billet en UNE qui pose quelques questions et analyses, nos Libr-événements : exposition "Présents" à Bordeaux ; RV Asile 404 à Marseille ; HP process à La Rochelle ; Thomas Déjeammes à Bordeaux ; 4e édition de la Zone d’Autonomie Littéraire à Montpellier. UNE : L’art n’est-il qu’un produit de luxe ? [voir la pétition] Suite à la pétition initialement parue sur Mediapart et relayée par Sitaudis – pétition qu’ont signée plusieurs auteurs liés, entre autres, à Libr-critique -, la polémique enfle sur les réseaux sociaux, bon nombre d’artistes et de poètes se sentant visés… Et de contre-attaquer : en un temps de cynisme et d’opportunisme, à bas les moralistes ! d’ailleurs, n’y a-t-il pas des brebis galeuses parmi les signataires ? des sans-gêne qui profitent des subsides de l’état ! vive l’autonomie sacrée de ces sans-grade que sont les artistes ! vive leur mission sacrée de combat, quel que soit le lieu… Cette polémique qui rappelle celle qui avait opposé Christian Prigent aux poètes de la nouvelle génération groupés autour de Java est vive pour des raisons éclatantes : elle touche aux nouvelles pratiques du milieu, aux rapports à l’argent, aux pouvoirs… Le débat porte en fait sur les actuelles contradictions du champ artistique tout entier comme du sous-champ poétique en particulier. L’inauguration en grande pompe de la fondation Louis Vuitton ne fait que mettre en évidence le rôle que joue désormais le mécénat privé dans un champ qui, subissant par ailleurs l’emprise des médias, est en voie d’hétéronomisation – comme le soulignait Pierre Bourdieu dès les années 90. En cette période de crise où, pour les artistes et les poètes qui ne peuvent bénéficier d’un emploi sécurisé et d’un salaire suffisant, les subventions et les sources de revenus se font plus rares, assurément la seule planche de salut semble être celle que lui tendent des fondations comme Vuitton, Cartier ou Ricard. There is no alternative – paraît-il… Toutefois, cette option n’est pas sans poser problème : non seulement un tel soutien influe indirectement sur la production artistique, mais surtout il obéit à une stratégie visant à subordonner l’art au champ du pouvoir économique. (Dépendre des institutions n’a plus le même impact aujourd’hui : le propre de la démocratie n’est-il pas de favoriser la pluralité artistique ?). Si la contradiction a toujours caractérisé la position des artistes, écrivains et intellectuels, il en est une qui n’est pas tenable aujourd’hui : peut-on se prétendre subversif quand on est recyclé/digéré par le Marché ? peut-on se prétendre d’extrême-gauche/révolté/rebelle quand on est de fait au service des dominants ? À cet égard, sont emblématiques les prises de position de Christophe Fiat, qui oppose l’écrivain libéral à l’écrivain subventionné, valorisant le premier selon une logique révolutionnaire-conservatrice reniant les conquêtes de la modernité. Mais faisons fi des certitudes pour nous poser une question essentielle, à laquelle il y a sans doute de multiples réponses : quel artiste/poète réussit vraiment à subvertir les canaux "offerts" par les puissances d’argent ? Fabrice Thumerel Libr-événements ► L’exposition "Présents" a lieu à Rezdechaussée jusqu’au 23 novembre (Bordeaux) : elle accueille les pièces d’une vingtaine d’artistes. Réflexion sur l’œuvre et ses filiations, les interférences en art. Cette proposition fait écho à un quartier historique de Bordeaux ouvert sur les échanges et de tradition antiquaire, aujourd’hui en pleine mutation. Le temps de quelques semaines, l’espace de Rezdechaussée organise une pluralité de pièces hétérogènes, en privilégiant l’éclectisme, l’accumulation et l’équivoque. De la « mise en réserve » à la « libération » des pièces, de petits arrangements témoigneront des relations poétiques, narratives, fétichistes, quelquefois humoristiques que nous entretenons avec les objets. Avec les pièces de William Acin /Emmanuel Aragon / Bruno Baratier / Lucie Bayens / Cécile Bobinnec / Thomas Déjeammes / Virginie Delannoy / Patrice de Santa Coloma / Patrick Hospital / Judit Kurtág / Véronique Lamare /Emmanuelle Leblanc / Christophe Massé / Bruce Milpied / Franck Noël / Krunoslav Ptičar / Nathalie Ranson / Michèle Rossignol/ Stéphanie Tréma / Vincent Vallade. Avec la participation des antiquaires de la rue Notre-Dame à Bordeaux, Pol Hervé Guirriec, Le Village Notre-Dame, Antiquités Pipat, et de la Librairie La Machine à Lire, place du Parlement à Bordeaux. Installation sonore de Kraums Notho : samedi 15 novembre à 17h30 et 18h 30 Ouvert du mercredi au dimanche, de 13 à 19 h Nocturnes tous les jeudis , vendredi 14 et samedi 15 jusqu’à 21 h Rezdechaussée, Lieu d’intention artistique, 66 rue Notre-Dame Bordeaux en savoir plus : ici ► Mardi 28 octobre à 20h30, Asile 404 (135, rue d’Aubagne à Marseille – 13006) : MAKHNO (rock psyké éléctique) et Mathias Richard. ► Du 4 au 15 novembre 2014 à La Rochelle (10 bis rue Amelot) : TRANSLATION. À travers une installation interactive et des photographies numériques, HP Process développe un projet intermédia sur la vitesse, l’espace-temps et les effets de la mobilité sur la perception. Des dizaines de travellings de paysages filmés lors de voyages sont agencés dans une scénographie immersive, telle une spirale aux dimensions mouvantes, où la géographie est éclatée en de multiples calques. C’est par sa dérive, ses mouvements et son immobilité de l’espace que le spectateur va générer aussi bien le son que les mouvements des vidéos. Celles-ci se transforment et se dégradent selon des logiques de dilatation, d’expansion, de compression des couleurs et des pixels, de fourmillements de lignes et de points. Le spectateur interagit aussi avec des données liées aux transports (horaires, distances, gares, aéroports…) et recompose une poésie mobile des flux contemporains. L’installation est ainsi une plongée dans les vibrations de la vitesse et dans les diffractions temporelles et spatiales produites par les déplacements, les connexions, les translations. Elle invite à inventer de nouvelles trajectoires et met en relief les paradoxes de l’hyper-mobilité contemporaine. Les photographies sont des images capturées dans le flux numérique de la vidéo générative. Les...Clik here to view.

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